Cratére en caliceCratére en calice à figures rouges. Haut. : 42 cm. Attribué à un peintre campanien proche du Peintre NYN. Vers 350-325 av. J.-C.
Sous le large rebord de l'embouchure débordante, frise de feuilles allongées. Sur la panse, en A/, la scène principale est soulignée par un large bandeau (palmettes verticales, épanouies).
Description de la face AA gauche, homme debout, immobile, tourné vers la droite, en appui sur un bâton ; face à lui, femme de forte corpulence (himation sur la tête, tunique), main gauche ouverte, main droite tendue vers l'homme, paume ouverte ; derriére elle, et, comme elle, vers la gauche, un homme répéte de la main droite le geste d'accueil de la femme. Les trois personnages portent des masques aux expressions outranciérement expressives. Les vêtements sont ridicules ; la femme doit vraisemblablement à des rembourrages l'inélégance de sa silhouette ; les tuniques courtes des hommes laissent bien visibles des phalloi postiches; l'homme de gauche porte un pilos (coiffure d'abord connue pour être un bonnet de marin). Les attitudes enfin révélent un net contrastre entre l'impétuosité de la femme, et la timidité de deux hommes transis, voire timorés, qui l'encadrent. Explication, InterprétationLe peintre a représenté ici des acteurs-bouffons, connus en Italie du Sud au IVe siécle avant J.-C. sous le nom de " phlyakes ", et qui présentent sur scéne des parodies de situations mythologiques ; ils sont affublés de masques et d 'accoutrements grotesques dont la céramique italiste porte témoignage. On ne connaît pas d'autre exemple de la scéne représentée sur notre cratére. Et c'est le pilos de l'homme de gauche qui va guider l'interprétation. Il s'agit d'Ulysse dont le pilos, lorsqu'il le porte, est la seule caractéristique vestimentaire qui lui soit spécifique. Ulysse accueilli par une femme qui a manifestement plus d'autorité que l'homme qui la suit ? Ce peut être une parodie de l'accueil du héros en Phéacie. Au chant VII de l'Odyssée, Ulysse entrant dans le palais d'Alkinoos s'adresse d'abord à la reine Arété comme le lui avait conseillé Nausicaa. Le paradoxe du caractére contrasté d'Arété et d'Alkinoos n'aura pas échappé à la verve de l'auteur italiote inconnu de cette parodie dont nous ne connaissons actuellement pas de source textuelle. Quant au traitement humoristique du héros lui-même, il est attesté par de nombreuses comédies dont nous n'avons que des fragments. Textes de référenceHomére, Odyssée VI, 310-311 ; 7,53 ; 8,145.
Touchefeu, 1968, n° 369, pl. XXXII |
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