Les Tableaux tirés de l'Iliade - LIVRE XVI
I - TABLEAU : Ajax, dont le bouclier est hérissé de traits qu'il a parés, s'éloigne de son vaisseau
Patrocle prend les armes d'Achille, dont ce héros lui donne la dernière, qui sans doute est la pique ou le bouclier. Le char est attelé de trois chevaux à la porte de la tente. Leur ardeur ne saurait être trop exprimée ; et quant au costume, voici les paroles d'Homère : "Les bottines s'attachaient avec des boucles d'argent ; la cuirasse était peinte de différentes couleurs, et toute parsemée d'étoiles d'or ; le baudrier d'où pend la redoutable épée, dont la garde et la poignée ornées de clous d'argent ; le bouclier n'est indiqué que comme pesant, et le casque orné d'un panache de crin de cheval : il choisit les javelots les plus propres à sa main."
Ces étoffes sont étalées. Achille en a tiré une coupe d'or admirablement travaillée ; il en fait une libation au milieu de plusieurs officiers. Ses yeux élevés et son attitude de repos, apprennent qu'il adresse une prière au ciel.
Du moins on voit par les vases et les parfums, qu'il lui a rendu ces derniers devoirs ; après l'avoir couvert d'habits magnifiques, il le remet entre les mains du Sommeil et de la Mort, qui paraissent disposés à l'enlever. Cette fiction est belle, et cette composition n'a, je crois, jamais été exécutée. Il est fâcheux qu'Homère ne nous ait rien laissé sur les attributs qu'on donnait de son temps au Sommeil ; nous ne connaissons, pour caractériser ce dieu, que son action même, et nous le couronnons de pavots. Ces idées sont modernes ; la première est d'un médiocre service, mais elle ne peut être employée dans le cas présent, où même les fleurs me paraissent déplacées, surtout pour une figure qui groupe avec la Mort.
Cet ami d'Achille est animé d'une si grande fureur, que malgré ce dieu, il voulait entrer dans la ville. Cette position d'Apollon ne s'accorde point avec l'idée d'une tour : le dieu serait trop grand, ou le bâtiment trop petit ; ainsi m'écartant un peu d'Homère, je représenterais Apollon à pied à terre auprès de cette même tour : la poésie ne marche pas toujours le compas à la main ; et la peinture ne doit pas s'écarter de certaines proportions de la nature ; elle ose encore moins représenter Apollon comme un géant ; il ne serait point reconnu.
Placé sur un nuage, à la volonté de l'artiste, a touché Patrocle du bout du doigt, et l'on voit qu'il demeure immobile. Les tableaux de ce genre, et qui n'ont d'objet qu'un combat ou une action particulière, seront les moins larges de cette suite : la description du poète ne donnant point des corps éloignés à représenter, l'artiste sera donc plus renfermé pour l'expression particulière dans les sujets pareils à celui-ci, et les difficultés seront moins grandes. |
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