Les Tableaux tirés de l'Iliade - LIVRE XXIV
I - TABLEAU : Iris vient trouver Thétis dans une antre, qu'on peut placer sur le bord de la mer. La déesse est affligée ; les divinités de son empire sont autour d'elle. La surprise et la curiosité sont les seuls mouvements que l'on puisse donner à cette assemblée ; ceux qui la composent doivent désirer d'être instruits des motifs de l'arrivée d'Iris dépêchée par Jupiter à Thétis pour la faire monter à l'Olympe, et l'engager à faire rendre à Achille le corps du malheureux Hector.
Celle-ci couverte d'un voile noir : l'une et l'autre volent en s'élevant pour arriver à l'Olympe. Je ne sais s'il ne serait pas plus agréable de placer Thétis dans un char ; cependant Homère dit le contraire. L'artiste fera voir à son bon gré ce qu'il voudra de la terre et de la mer ; c'est un moyen d'embellissement dont la vaguesse de l'air, toujours un peu nue, aurait peut-être peine à se passer. Nous voyons par ce passage, que le noir est depuis longtemps consacré à la tristesse et au deuil.
Junon présente la coupe d'or à Thétis ; on voit par son geste et son maintien qu'elle accepte. Ce tableau, malgré sa richesse, ne peut manquer d'être froid par le défaut d'action.
Elle lui prend la main ; on distingue le désir qu'elle a de le consoler. Il a autour de lui plusieurs de ses amis : l'artiste est le maître du nombre et de la disposition de leurs groupes. Pour témoigner qu'Achille est au moment de faire un sacrifice, un esclave peut tenir dans le fond de la tente une brebis, l'autel étant d'ailleurs disposé ; cette circonstance confirmera le texte, et ne peut qu'embellir la composition.
Elle fend les airs en descendant de l'Olympe : ce prince environné des enfants qui lui restent, et qui sont assis autour de lui dans la cour, baignés de larmes ; ce prince, dis je, dont la vieillesse est vénérable, est couvert d'un manteau : on voit les princesses ses filles dans les portiques ou galeries éloignées ; elles témoignent par leur gestes la tristesse dont leur c¦ur est pénétré.
Ils en font sortir des tapisseries, des couvertures, des tapis, des manteaux, des tuniques, des lingots d'or, deux trépieds, des vases très riches et une coupe d'or. Le tableau de ces richesses, agréable en lui-même, peut devenir un sujet convenable pour exprimer les soins avec lesquels la vieillesse conserve et renferme les meubles et les magnificences dont elle ne fait presque jamais d'usage. L'artiste ne peut trop exprimer, dans ce tableau, la douleur et l'affaissement e Priam et d'Hécube.
Priam monté sur un autre char, traîné par des chevaux et formé comme les autres chars de bataille. Ces deux voitures attelées au milieu de la ville, forment ,des groupes heureux en eux-mêmes, et riches par les fonds que produisent ou le palais du roi ou les maisons de la ville. Les spectateurs augmentent la richesse du tableau. Hécube arrête Priam au moment qu'il monte sur son char ; elle lui présente une coupe d'or pour faire une libation. On voit un aigle à sa droite. Par ce moyen on réunit plusieurs instants décrits par le poète, et l'artiste satisfait en un moment plusieurs points de curiosité.
Mercure s'envole. Les Thessaliens ont fait une baraque à Achille, couverte de cannes ; ils ont tracé une enceinte avec des pieux. Ce tableau rustique et militaire, peut avoir de l'attrait ; il a au moins celui de la nouveauté dans cette suite ; de plus, il fait une opposition avec les autres.
Il est à table, servi par deux guerriers. Le vieillard tombe à ses genoux : l'étonnement et la surprise règnent sur tous les visages. Il es nécessaire d'apprendre à l'artiste qu'un homme entré dans la maison d'un autre, est dès lors sous sa protection : cette action exige plusieurs détails ; on en verra des exemples dans l'Odyssée ; il est bon d'en rappeler l'idée pour mettre au fait du mérite de cette démarche du roi Priam.
On est d'abord surpris de trouver des pièces qui portaient ce nom dans un bâtiment de la nature de celui-ci ; mais ce passage confirme ce que j'ai cru devoir dire sur ces portiques, et qu'on peut lire dans l'avertissement. Ces belles filles empressées, ces flambeaux, ce bâtiment rustique, tous ces objets sont heureux et peuvent fournir un tableau agréable.
Cassandre, plus belle que Vénus, est à leur tête ; ils reçoivent les deux chariots ; le premier à quatre roues, conduit par Idée, est chargé du corps d'Hector ; Priam suit dans son char à deux chevaux ; il pleure, et tout le peuple gémit, lève les bras, et doit exprimer la plus grande désolation.
Tout ressemble aux cérémonies qu'Achille a fait pour Patrocle. Homère ne décrit par conséquent que très légèrement les honneurs rendus à Hector. Ces tableaux étant absolument pareils, on doit se dispenser de les répéter, et je me contenterai, pour terminer la suite de l'Iliade, de peindre le tombeau qu'on a élevé dans la ville à Hector. Selon Homère, il a été construit en très peu de jours ; il est donc formé par des pierres informes et anciennement taillées. Priam, Hécube, Andromaque et Hélène, paraissent dans la plus profonde douleur autour de ce tombeau ; ainsi par une voie indirecte, je rappellerai le souvenir de ceux qui, dans Homère, ont adressé la parole à Hector et lui ont témoigné leurs regrets depuis que Priam a ramené son corps dans la ville de Troye. C'était un usage général dans ce temps que de parler aux morts, comme s'ils avaient été capables d'entendre ; mais la peinture ne peut en donner l'idée, ainsi que de plusieurs autres. |
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