Les Tableaux tirés de l'Iliade - LIVRE VII
I - TABLEAU : Minerve et Apollon près d'un grand chêne. Ces deux figures dépourvues d'action ne peuvent avoir d'autre caractère que celui de la curiosité animée des deux divinités, et qu'on désigne par les regards avides avec lesquels elles fixent les combattants : on doit, ce me semble, les représenter debout ; cette attitude est une suite plus marquée du sentiment qui les conduit en cette occasion.
Les armées sont rangées en bataille : les princes tirent au sort dans le casque d'Agamemnon. Le texte dit que chacun fit sa marque. Ainsi on peut leur faire tenir ce que l'on voudra ; une pierre, un morceau de bois, tout est bon. D'ailleurs, les figures sont trop petites pour distinguer de pareils objets. L'attention à tenir quelque chose est suffisante ; mais la joie d'Ajax, en faveur duquel le sort a décidé, est nécessaire à faire sentir ; la façon dont il présente sa marque, est un moyen des plus assurés pour faire sentir l'action des autres. Ce passage semble nous apprendre que l'écriture n'était pas plus familière aux héros de ce temps, qu'à nos anciens chevaliers.
Hector et Ajax ayant été séparés par des hérauts, dont l'action ne doit pas être douteuse, se font des présents ; l'un donne son épée, l'autre son porte épée de pourpre ; leurs armes sont délabrées par les coups qu'ils se sont portés ; on voit auprès d'eux les grosses pierres qu'ils se sont lancées. D'ailleurs, l'approche de la nuit est essentielle à représenter. On ne doit point oublier que les deux armées sont toujours en présence, et que dans ce tableau, ainsi que dans celui qui le précède, le grand chêne, auprès duquel on a vu plus haut Apollon et Minerve, est absolument nécessaire à rapporter : le site est le même, mais les actions sont différentes ; d'ailleurs, un artiste est toujours le maître de prendre son terrain du côté qui lui convient ; il n'est obligé que de représenter un chêne. Mais dans ces deux dernières compositions, Minerve et Apollon métamorphosés en autours, sont perchés sur cet arbre : les autours sont des oiseaux noirs.
Et ces corps apportés de tous les côtés dans des chariots, fournissent une composition des plus riches.
Agamemnon lève son sceptre vers le ciel pour jurer et faire serment qu'il accepte la trêve. C'est une cérémonie des anciens dont la peinture doit conserver l'usage. Il est toujours bon de rappeler à l'idée de l'artiste, que ce conseil est tenu dans une tente ainsi que celui que l'on a vu plus haut. Tableau II. Liv. I
On pourrait réunir le quatrième tableau dans celui-ci, faire voir tous les soldats occupés à bâtir, tandis que d'autres portent les morts sur le bûcher ; et comme les troyens firent de leur côté la même cérémonie, elle pourrait enrichir l'horizon qui serait terminée par une portion de la ville. Mais je craindrais que cette quantité d'objets ne chargeât et n'offusquât trop la composition ; ainsi je représenterais seulement ces retranchements des Grecs : la joie que causa cette trêve dans la ville et dans le camp, est admirablement décrite et peinte par Homère, mais elle ne peut être rendue par la peinture. |
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